L'espoir du chemin
Brahmajala Sutta
Les 62 sortes de vues fausses
Il y a, ô moines, des ascètes et des brahmanes qui spéculent sur le passé, ont des opinions toutes faites sur le passé, qui proclament diverses théories sur le passé, et cela de 18 façons différentes. Sur quelles bases fondent-ils leurs opinions ?
Il y a des ascètes et des brahmanes qui sont éternalistes, qui affirment l'éternité du soi et du monde de 4 façons. Sur quelles bases ?
Première vue fausse : Ici, moines, un ascète ou un brahmane a, par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, des mérites et de l'attention juste atteint un tel état de concentration qu'il se remémore ses existences passées : une naissance, deux naissances, trois, quatre, cinq, dix naissances, cent, mille, plusieurs milliers, cent mille, plusieurs centaines de milliers de naissances.
"Dans cette existence, mon nom était ceci, mon clan était cela, ma caste était ceci, ma nourriture était cela, j'ai expérimenté telles et telles situations plaisantes et déplaisantes, j'ai vécu tant d'années. Ayant quitté cette existence là, je suis arrivé dans celle-ci. Dans cette existence, mon nom était ceci, mon clan était cela, ma caste était ceci, ma nourriture était cela, j'ai expérimenté telles et telles situations plaisantes et déplaisantes, j'ai vécu tant d'années [...]"
Ainsi, il se souvient de plusieurs existences passées, de leurs conditions, et de leurs détails. Et il dit : "le soi et le monde sont éternels, stériles comme un piton rocheux et aussi fermement établis qu'un pieu. Les êtres s'agitent, circulent d'une existence à une autre, meurent et renaissent, et cet état est eternel. Comment le sais-je ? J'ai par les moyens de l'effort, de l'entraînement, de la persévérance, atteint un tel état de concentration que je me remémore mes existences passées. C'est ainsi que je sais que le soi et le monde sont éternels".
Ceci est la première façon dont certains ascètes et brahmanes affirment l'éternité du soi et du monde.
Traduction par Sébastien Billard (s.billard@free.fr), disponible en ligne.
L'aventure d'Ambu
Ambu avait de grands yeux bleus aux reflets verts, une marque grise dans chaque iris. C’était rare dans son village. Sa mère avait toujours cru que c’était un signe, bon ou mauvais, elle ne le savait pas encore. Cela faisait d’Ambu une petite fille différente des autres. Partout où elle allait, tout le monde la remarquait.
Ses yeux à la couleur extraordinaire, Shanta, sa mère, s’y perdait souvent. Elle regardait sa fille pour l’embrasser, plongeant dans cette paire d’étoiles brillantes ses yeux de maman attendrie et remplie d’espoir pour son enfant. Shanta rangeait les plats quand elle entendit les pre mières gouttes de la mousson tomber sur les feuilles. Ambu était partie à la rivière. Shanta regarda au loin, sa f ille n’était toujours pas de retour. Au début, elle pensa que sa fille ne tarderait pas à rentrer, puis la pluie s’intensifia. C’était la saison des pluies, et bientôt un rideau d’eau dru et sonore envahit les alentours. Au loin, au bout du chemin qui allait à la rivière, pas d’Ambu. Shanta commençait à s’inquiéter. Elle attendit vingt-cinq longues minutes de pluie intense avant de se décider à sortir, le flot d’eau s’étant ralenti. Le chemin était boueux et glissant. Shanta voulait se dépêcher mais le sol était dangereux et elle manqua plusieurs fois de tomber.
À l’approche du village, elle entendit des murmures. Son angoisse était à son comble. Elle l’avait l’impression que tous les regards étaient posés sur elle. Shanta savait qu’il s’était passé quelque chose, l’atmosphère n’était pas normale. Elle tremblait intérieurement mais faisait tout pour ne pas montrer son inquiétude et garder sa dignité. Son cœur, pourtant, cognait dans sa poitrine. Où était sa fille ? Que lui était-il arrivé ? Quelques mètres plus loin, un groupe s’était formé. Il s’ouvrit naturellement devant Shanta, ce qui fit redoubler son émotion. Au centre, sa fille était assise. Shanta ne comprenait pas ce qui se passait alors qu’Ambu ne quittait pas des yeux un petit écran que tenait Kamal, le proprié taire du magasin d’informatique et de jeux vidéo. Après quelques secondes, Ambu aperçut sa mère. La fillette sauta vers elle, bondissant de joie.
— Maman, regarde, je passe à la télé !
Shanta était mortifiée. Sa fille était trempée. Que lui était-il arrivé ? Kamal lui sourit respectueusement puis lui tendit le petit écran. Le sang de Shanta se glaça. Elle vit sa fille encerclée par les eaux, criant à l’aide. Tout d’un coup, le débit du fleuve l’emporta dans le courant alors que les habitants s’étaient attroupés au bord des rives. Malgré les cordes et les branches de bois qu’ils avaient tendues, Ambu s’était enfoncée dans le torrent furieux du f leuve. À cet instant, un homme avait surgi et l’avait rame née à terre. Grâce à l’aide des habitants, l’enfant se trou vait saine et sauve. On voyait le visage d’Ambu, ses yeux apeurés, en pleurs, alors que l’homme riait en la conso lant. Shanta explosa en sanglots alors que Kamal avait appuyé sa main sur son épaule pour la rassurer.
— Voyons, cette vidéo va faire le tour du monde. Ambu va devenir célèbre. L’enfant sauvée par la solidarité du village !
Shanta serra sa fille dans ses bras. Elle n’en avait que faire de cette consolation, elle voulait rentrer chez elle, sécher sa fille et ne plus avoir à l’envoyer chercher l’eau à la rivière… Voilà ce qu’elle voulait.
Une semaine plus tard, le sarpanch lui apporta une lettre. Shanta était troublée de voir l’élu du village venir jusque chez elle ; elle fut honorée de cette visite. C’est que la lettre venait d’Amérique, chose rare au village. La lettre avait été écrite par une femme prénommée Amber. Elle avait vu le sauvetage d’Ambu qui l’avait bouleversée. Elle annonçait qu’elle viendrait leur rendre visite. Quelques semaines après, Amber arriva.
Cette fois-ci, ce fut tout le gram panchayat qui se déplaça. Shanta comprit que la vie de sa fille allait changer. Amber annonça qu’elle allait offrir une bourse à Ambu pour qu’elle aille à l’école puis au collège et, plus tard, à l’université. Elle n’aurait plus à chercher de l’eau. Le rêve d’Amber était de créer une école pour les petites f illes du village. À la fin de son discours, Amber avait regardé Shanta en lui demandant si elle était d’accord. Shanta, avec sérénité, lui répondit :
— Je savais bien qu’elle avait de tels yeux pour une raison. C’était un bon signe. Ils lui ont attiré la bienveillance du monde. Amber avait souri.
— Votre fille va changer le monde. Peut-être deviendra-t-elle une illustre professeure ? Une militante ?
— Je souhaiterais qu’elle nous aide à maîtriser les flots du fleuve.
— Alors, elle sera ingénieure !
Amber avait applaudi avec satisfaction. Elle s’approcha de Shanta pour lui remettre l’enveloppe symbolisant son don pour Ambu. À cet instant, un rayon de soleil entra dans la pièce ; il éclaira les yeux d’Amber. Ils étaient de la même couleur que ceux d’Ambu, une marque grise distincte ornant chacun de ses iris bleus au reflet vert. Ce conte s’appuie sur des témoignages et des rencontres en Inde fabuleuse.
L’histoire est inspirée d’une vidéo qui a circulé sur Internet où un enfant est sauvé des crues du fleuve par les villageois solidaires, un acte qui porte à l’optimisme. Le sarpanch : le chef du conseil local. Le gram panchayat : élus d’un village comptant plus de 500 habitants. Le prénom Ambu signifie « eau ».
Méditation-Voyage
Quel est ton œil ?
Regarde,
Que vois-tu ?
Un chat ?
La vie, c’est une histoire de croquettes..
Plus il y en a dans le bol,.,
plus j’ai confiance en l’univers.
Méditation-Voyage
Quel est ton oreille ?
Ecoute,
Qu'entends-tu ?